vendredi, 09 octobre 2009
Le lendemain...
Le lendemain, on est allés à Montpellier. Les rues baignaient dans l’humidité, derrière un rideau liquide. La ville se retrempait dans son passé. Les vieux hôtels émergeaient à peine de l’histoire. Elle était là, vivante, ils nous la racontaient, bruissant du cliquetis des armes et du va-et-vient des fantômes. Vers la fin d’après-midi, la ville s’est réveillée de son apathie. À nouveau, la lumière tamisait les pierres. Les jours suivants, le soleil a répandu sa clarté crue. Comme sous un projecteur, les gestes, se sont mis en perspective. Un désir vague mais puissant rôdait. Un moment que rien n’égale, les sens en attente, chaque souffle, chaque mot, débordant d’émotions à peine contenues. Presque à notre insu, une harmonie s’installait. Inexplicable mais on n’avait pas envie de l’expliquer. Parfois, aux premiers rayons du soleil, j’écoutais Solsbury Hill, puis je sortais jouer avec les perles de l’écume, seul dans la lumière du matin. On a passé trois semaines ensemble, presque sans se quitter, juste avant que je commence à travailler, à réfléchir à ce qui m’attendait, à tout ce que je refusais de voir.
Raymond Alcovère, extrait du roman "Le Bonheur est un drôle de serpent", à paraître le 22 octobre.
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lundi, 05 octobre 2009
Lectures, peinture et musique autour de la sortie de mon roman
19:06 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : le bonheur est un drôle de serpent
lundi, 28 septembre 2009
Le quatrième de couv
23:14 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : le bonheur est un drôle de serpent
A paraître bientôt...
Voici la couv, le roman devrait paraître fin octobre...
Tout ça, c'est aussi beaucoup de travail, ce blog va être en pause pendant quelques jours, à très bientôt...
13:50 Publié dans Evénements | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : le bonheur est un drôle de serpent
jeudi, 24 septembre 2009
Faire l’amour avec elle était comme un diamant noir
Elle s’est installée près d’Argenteuil, début pour nous de fréquents va-et-vient entre Paris et le Midi. Faire l’amour avec elle était comme un diamant noir. Des années après, je me souviens de ses robes fuchsia, leur frôlement sur la peau, les gestes lents ou brusques pour les enlever, la lumière indigo qui tombait le soir sur la maison au bord de l’eau, avec l’odeur de bois vermoulu, l’atmosphère légère et venteuse du bassin parisien. Le désir longtemps aiguillonné, les heures dans le train à penser à elle, le bouillonnement de mon imagination, puis tout devenait simple et banal, d’un calme absolu. Mes angoisses s’envolaient, elle n’avait qu’à faire un geste. Parfois, quand je la voyais arriver sur le quai de la gare, d’un monde étrange, différent, nos univers ne coïncidaient pas tout de suite, les mots ne se trouvaient pas. Puis tout s’ouvrait à nouveau.
Raymond Alcovère, extrait du roman "Le Bonheur est un drôle de serpent", à paraître fin octobre aux éditions Lucie.
Pierre Soulages
Sérigraphie sur inox poli.
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samedi, 25 juillet 2009
Parution
Mon roman "Le Bonheur est un drôle de serpent" paraîtra en fin d'année aux éditions Lucie.
On en trouvera de nombreux extraits dans la rubrique "En cours d'écriture"
11:04 Publié dans Edition | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : le bonheur est un drôle de serpent
mercredi, 08 juillet 2009
En suspens
Quand le vent souffle, on dirait que tout est déplaçable, en suspens. Au milieu de ce grand cirque, avec le ciel immense, on a continué de parler. Une façon de dévorer l’autre. A notre première rencontre, déjà au Mexique, j’avais eu l’impression que tout se figeait, elle et moi on devenait imperméables à tout mouvement extérieur. De nouveau, presque palpable, une corde, tendue entre nous, entrait en résonance chaque fois qu’on la frôlait. Et on avait envie de la frôler souvent. Pas trop pour ne pas l’agacer et brouiller son mouvement mais cette vibration, ce décalage incessant, troublaient le jeu. On observait l’attirance grandir, deux aimants cherchant inutilement à se retenir.
Raymond Alcovère, extrait de "Le Bonheur est un drôle de serpent", roman en recherche d'éditeur...
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samedi, 30 mai 2009
Vision des anges déchus
Vision des anges déchus. Une ville solaire, à l’écart des grandes routes du Mexique. Abandonnée de tous, sauf du vent. Et de l’autobus quotidien au départ de la grande ville. Avant, il y avait de l’or, maintenant il reste un hôtel, quelques bars sur la rue principale, des maisons basses. Un soleil âpre et mordant et le vent qui balaie la poussière. Je suis serveur dans cet hôtel, logé, nourri. Venu ici à cause d’un livre, Sur la route, de Jack Kerouac, et de l’arrivée au Mexique, vers la fin, qui ressemble au paradis.
Un jour, j’ai eu envie de partir. J’ai pris le train, le bateau, l’autocar, fait du stop. Comme dans le livre, tout peut arriver et tout arrive d’ailleurs, d’un instant à l’autre, du noir désespoir à des plaisirs fulgurants. Tout ce dont on peut rêver à vingt ans, là, à portée de main. On passe à travers les villes, les pays, comme une étoile filante, de vagues ombres se profilent. On aperçoit des reflets, des lignes se dessinent, furtives. Il est trop tôt pour s’arrêter. On est parti pour savoir comment était fait le destin, en explorer les contours. Le jeu est dangereux mais on ne le sait pas encore, ou on en rêve secrètement.
J’ai traversé la France, l’Espagne, le Portugal, avant une halte lisboète. Une ville magique, maritime, hors du temps. Un je ne sais quoi s’est arrêté là, peut-être une idée du bonheur possible. Il n’y a qu’à le ramasser, mais il glisse à travers les doigts. Lisbonne, à cet âge-là, c’est trop de lenteur, d’indéfini.
Je voulais pousser plus loin, voir des couleurs, m’éblouir. Après plusieurs semaines à regarder passer les nuages et tout ce mouvement du ciel au-dessus du Tage, ce gigantesque bras de mer que la ville regarde, en piste d’envol vers l’inconnu, j’ai été poussé dehors.
Raymond Alcovère, Le Bonheur est un drôle de serpent, roman en recherche d'éditeur, début du texte
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samedi, 21 mars 2009
Le grand pow woh de la lumière
La neige vint cet hiver-là, en brouillard qui apaise les contours. La mer était grise, grise et blanche. Des nuées de mouettes voletaient en rangs serrés au dessus de l'eau. Quelques pas derrière, les flamants, suspendus, jetaient des taches roses sur le vert des étangs. Je marchais de longues heures jusqu'à la cathédrale de Maguelone. Les étangs offraient leur placidité sauvage, le silence retenu de ce qu'était le rivage autrefois, maintenant oublié, à peine ridé par le vent du Nord. Puis arrivait un soleil éclatant, avec les passants, incongrus, lointains dans ce décor de couleurs. Le grand pow woh de la lumière.
Raymond Alcovère, extrait de "Le Bonheur est un drôle de serpent", roman en recherche d'éditeur
Courbet, La mer à Palavas
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mercredi, 04 mars 2009
Et maintenant...
Et maintenant, je fondais mes rêves dans le bleu délavé de l’horizon, l’amas désordonné des nuages et ce bateau qui filait au milieu de tous ces cataclysmes. La pluie au loin traçait un rideau épais, en grandes orgues joufflues gonflées de nuit. Une trépidation de lames. Le ciel, une lutte, un amas de lances, un combat fratricide. Une symphonie du nouveau monde. Même si c’est vers l’ancien que je me dirigeais. Terrifiante cette immensité sauvage, encore plus que la Sierra, ces vagues dans le désordre de la nuit, remous effrayants, terrifiante et rassurante à la fois avec le bruit continu du bateau, les odeurs de machines, ce bloc de métal monstrueux, fumant et rugissant, traçant son sillon imperturbable à travers les flots déchaînés. Plaisir redoublé par le sentiment de sécurité, sur ce bâtiment sourd aux hurlements de la tempête. Rêvant que mon âme soit pareille, un bloc insubmersible. Tout ce chemin parcouru en si peu de temps. Comme au Mexique, malgré ou à cause de l’absurdité du lieu, je me sentais à ma place, au cœur de cette rhapsodie bleu nuit de la pluie et du vent.
Raymond Alcovère, extrait de "Le Bonheur est un drôle de serpent", roman en recherche d'éditeur
Et maintenant, une pause de quelques jours, à bientôt...
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samedi, 22 novembre 2008
Le bonheur est...
Le vent s’est calmé. Ici, la mer fait l’amour avec la terre, paisiblement. Dans une infinie solitude, gris, bleu et vert sauge. Les plus belles couleurs du monde. Tout est plat à perte de vue. Seule une langue de sable sillonne entre les étangs et la mer. Au bout d’un moment, on ne sait plus où est la terre, où est l’eau.
Raymond Alcovère, extrait de "Le Bonheur est un drôle de serpent", roman en recherche d'éditeur
Gustav Klimt, Serpents d'eau, I (1907)
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samedi, 04 octobre 2008
Nous serons à Lisbonne
Nous serons à Lisbonne, dans les rues sombres descendant vers le Tage, au milieu d’ombres erratiques, avec cette lumière blanche qui baigne la ville et à l’Hôtel Borges on fera l’amour encore, on ne verra pas le soleil mais aucune importance, avec cet air humide qu’on ne trouve que là-bas, les immeubles délabrés, cette atmosphère anglaise et surannée, Fernando Pessoa, son chapeau, son parapluie seul dans la nuit grise, ici on perd tout sentiment de la réalité. L’œuvre de Pessoa est nocturne et je dessine la nuit. Je ne suis allé qu’une fois à Lisbonne mais c’est comme si j’y étais toujours. Le temps s’y étend, se dissout, on ne voit que le ciel, il habite tout, mêlé de mer, comme à Venise et ce sont peut-être les deux seules villes habitables avec Paris.
Raymond Alcovère, extrait de "Le Bonheur est un drôle de serpent", roman en lecture chez des éditeurs...
03:19 Publié dans Le Bonheur est un drôle de serpent | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : littérature, raymond alcovère, le bonheur est un drôle de serpent, gildas pasquet
dimanche, 28 septembre 2008
Roman cherche éditeur
Mon éditeur n & b a décidé de "passer la main". Je suis donc à la recherche d'un nouvel éditeur. Etudierai toute proposition. Voici une présentation donc de mon dernier roman :
Le Bonheur est un drôle de serpent
Roman
Raymond Alcovère
Le bonheur est un drôle de serpent est le troisième roman de Raymond Alcovère.
Léo est un jeune homme en quête de lui-même. Le Mexique sera le décor d'une rencontre déterminante :
Extrait : Un matin, dans cet état de béatitude légère et un peu irréelle quand je viens de terminer un dessin dont je ne suis pas trop mécontent, avec cette envie de ne penser à rien, d’écouter les gens parler, leur voix rauque et tous ces siècles d’histoire qu’elles charrient, de regarder le soleil se lever sur la Sierra, le vent soulever la poussière des rues vides, de laisser l’amertume de la bière me brûler la gorge, d’écouter un disque de John Coltrane, bref d’être heureux comme un oiseau au vent du matin - le moment le plus accompli, celui où la fatigue se mêle à l’allégresse, au sentiment d’avoir donné le meilleur de moi-même - il me restait à faire l’ouverture du café avant de me coucher, quand, de son pas léger, sa démarche souple, ses gestes qui coulaient dans l’air, elle est entrée. (…)
Elle c'est Laure ; Léo la ensuite jusqu’en Europe ; ils joueront au chat et à la souris. Léo dessine sans relâche, c’est sa passion ; il voudrait peindre, mais pour le moment, se sent incapable de « passer à la couleur ». Il va retrouver sa ville, Montpellier, en pleine effervescence intellectuelle et artistique ; son éducation sentimentale se doublera d’une éducation philosophique et politique. Il va comprendre que ce moment très particulier de l’Histoire que nous vivons ne ressemble à aucun autre. Face aux menaces actuelles sur l’avenir de la planète, tout repenser est nécessaire ; c’est enfin dans un pays très pauvre, Madagascar, qu’il prendra conscience de son destin et du sens de la vie.
L’auteur
Son premier roman : Fugue baroque a obtenu le prix 98 de la ville de Balma. Le deuxième : Le Sourire de Cézanne, également paru aux éditons n & b en 2007 a reçu également un excellent accueil dans la presse et auprès du public.
Il a été rédacteur en chef de la revue littéraire et artistique L’instant du monde, unique en France par son mode de création croisée entre textes et images.
Il a publié une cinquantaine de nouvelles et d’articles dans différentes revues, recueils et anthologies (Mai 68 Echos de la révolte, 1907 Nouvelles de la révolte, D’ici Nouvelles écrites et illustrées en Languedoc-Roussillon, 13 Cours des Chevaliers du Mail », etc.).
Le Sourire de Cézanne dans la presse
« Raymond Alcovère est un écrivain de l’amour. On trouve chez lui la même facture classique, la même haute tenue de la langue, tendue, travaillée, la même érudition, la même pudeur aussi sur un registre intime. »… « On sent bien l’intention de l’auteur, par ailleurs amateur d’art, de faire fondre l’œuvre écrite et peinte, de faire entrer l’amour dans le tableau. »
Valérie Hernandez. La Gazette de Montpellier.
« La manière presque conceptuelle mais précise et charnelle dont Alcovère construit ce bel enchantement littéraire remplit parfaitement ce contrat. Recommandé. »
"Raymond Alcovère, qui a toujours été intéressé par les rapports entre l’art et la littérature, suit dans ce récit poétique les préceptes de Cézanne : il aurait pu composer un ouvrage documentaire sur l’art d’un peintre qu’à l’évidence il connaît bien et admire profondément. Il fait beaucoup mieux en tissant une histoire d’amour entre deux êtres – Gaétan et Léonore –, un amour à la fois charnellement humain et porteur de transcendance, un amour baigné par la lumière de la nature et de la peinture. Comme les toiles de Cézanne, entre lesquelles se glisse ici la chaleur d’une libre passion."
« Raymond Alcovère sait si bien partager son amour de la peinture qu’on pourrait conseiller la lecture de son roman à qui veut s’initier à l’approche esthétique des grands artistes, seuls capables de modifier notre regard sur nous-mêmes et sur le monde. »
« L’essentiel du roman épate par la fusion du récit et des observations sur la vie ou sur l’art »
Jean-Louis Kuffer, 24 H de Lausanne
Contact
http://raymondalcovere.hautetfort.com/
18:04 Publié dans Edition | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : raymond alcovère, le bonheur est un drôle de serpent
samedi, 26 avril 2008
Je ne pensais même pas à dormir.
Je réservais le sommeil aux chaleurs de la journée, sans quoi elles étaient interminables. Je préférais la nuit, les ombres rares dans les rues. Les dessins peuplaient mes rêves de forêts enneigées, de bricks, de goélettes fendant la mer avec le jusant, de palais baroques, de portes dérobées ouvrant sur l’infini. Je voyageais à travers les cinq continents. Traversant les époques, soulevant des rideaux de théâtre, ourdissant des complots, déjouant des embuscades. De ces voyages, je ressortais anéanti mais apaisé. Ils continuaient pendant la journée et les gestes du quotidien s’en trouvaient métamorphosés. Je ne ressentais aucune pesanteur dans les choses. Peut-être avais-je atteint cet état mystérieux, insondable, ce trouble léger qu’on appelle bonheur. Cet état, cette limite plutôt, qui était ma quête, que j’étais venu chercher ici au bout du monde, que tant d’autres avant moi avaient poursuivi et si peu atteint, cette fêlure dans le réel qui fait oublier la rumeur des jours pour nous plonger transis dans une extase fragile et passagère que l’on cherche à recréer sans cesse sans y parvenir souvent. Et il me semblait l’avoir domestiqué ici, m’en être fait un ami pendant ces nuits tropicales où j’étais si heureux que je ne pensais même pas à dormir.
Raymond Alcovère, extrait de "Solaire", roman en cours d'écriture
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vendredi, 25 avril 2008
Un matin
Un matin, dans cet état de béatitude légère et un peu irréelle quand je viens de terminer un dessin dont je ne suis pas trop mécontent, avec cette envie de ne penser à rien, d’écouter les gens parler, leur voix rauque et tous ces siècles d’histoire qu’elles charrient, de regarder le soleil se lever sur la Sierra, le vent soulever la poussière des rues vides, de laisser l’amertume de la bière me brûler la gorge, d’écouter un disque de John Coltrane, bref d’être heureux comme un oiseau au vent du matin - le moment le plus accompli, celui où la fatigue se mêle à l’allégresse, au sentiment d’avoir donné le meilleur de moi-même -, il me restait à faire l’ouverture du café avant de me coucher, quand, de son pas léger, sa démarche souple, ses gestes qui coulaient dans l’air, la grâce et la beauté qui ondulaient jusque dans ses cheveux, elle est entrée.
Raymond Alcovère, extrait de "Le bonheur est un drôle de serpent", roman en cours d'écriture
Matisse, La Tristesse du roi.
04:43 Publié dans En cours d'écriture | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : raymond alcovère, le bonheur est un drôle de serpent, matisse
vendredi, 04 avril 2008
A l’école du regard
Un jour, il y a longtemps, entre Florence et Sienne j’ai eu la plus grande illumination de ma vie. L’harmonie était là, posée dans les paysages, dans un délicat équilibre entre la terre et le ciel, avec les cyprès pour témoins. Il n’y avait pas à la chercher ailleurs, dans je ne sais quel paradis artificiel. Elle était donnée, tout simplement. La Renaissance ne pouvait arriver qu’ici. A l’école du regard, l’Italie a été le premier de mes maîtres.
Raymond Alcovère, extrait de "Le bonheur est un drôle de serpent", roman en cours d'écriture
Corot
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jeudi, 03 avril 2008
La peinture est effraction
La peinture est effraction, solitude, dévastation. Pour peindre comme pour écrire, il faut d’abord tout détruire, tout effacer, tout déconstruire. Vouloir tout recommencer, reprendre le fil de la création. La peinture est incarnation et l’incarnation c’est l’éternel retour.
Raymond Alcovère, extrait de "Le bonheur est un drôle de serpent", roman en cours d'écriture
Peinture de Frédérique Azaïs : Tous les matins du monde
00:47 Publié dans En cours d'écriture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : raymond alcovère, le bonheur est un drôle de serpent, littérature, en cours d'écriture, frédérique azaïs
vendredi, 21 mars 2008
Je vis un moment de temps pur
Je vis un moment de temps pur, je sens autour de moi les ramifications du monde, ses ondes nerveuses, toute cette énergie. La capter, la traduire, la rendre ! La plus grande beauté est éphémère, et pourtant permanente. J’ai trouvé l’angle, l’arme fatale, pour déjouer le complot : le temps ! Quitter celui de la consommation, de la culpabilité, de la haine, du ressentiment. Le temps c’est l’art tout simplement. Seul il permet de sortir du cercle. Là est le satori, caché sous la cendre, retenu prisonnier sous des couches de civilisation. Le monde s’illumine, s’ouvre, aérien, léger et dense… Comme la matière, faite de vide. Nous ne sommes que des particules. Un bloc de temps pur, vivace, intense, sulfureux, tremblant dans la fine lumière du soir, vent coulis instillé à l’intérieur des fuseaux horaires retrouvés, vivable tout d’un coup, jouissif, sensuel.
Raymond Alcovère, extrait de "Le bonheur est un drôle de serpent", roman en cours d'écriture
Photo de Gildas Pasquet (Albi)
03:10 Publié dans En cours d'écriture | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : raymond alcovère, le bonheur est un drôle de serpent, albi, gildas pasquet, en cours d'écriture, littérature, photo
mardi, 18 mars 2008
Le bonheur est une idée neuve
J’ai vu hier un film qui m’a beaucoup frappée : « La Fabrique des sentiments » de Jean-Marc Moutout, avec Elsa Zylberstein, quelle magnifique actrice ! Le regard du réalisateur est froid et passionnant. Une jeune femme, qui réussit dans son métier et sa vie professionnelle, voudrait vivre sa vie amoureuse de la même façon. Elle fait appel au « Speed dating », c’est hallucinant – déjà le mot dit tout, et en anglais bien sûr - les gens ont sept minutes pour se présenter à l’autre, tenter de le séduire et obtenir un rendez-vous. C’est un jeu de chaises musicales, ils passent ensuite à quelqu’un d’autre, sept minutes à chaque fois et à la chaîne… La jeune femme ne sait plus ce que faire de sa vie, ni comment ; elle a du temps disponible pour l’amour, mais cet univers lui échappe, puisque elle est passée de l’autre côté, celui de la fabrique des sentiments justement. Et tous les gens autour d’elle sont perdus, à errer dans un monde qui les fuit, sur le fond, celui du travail et de l’efficacité : pourtant ils en sont les maîtres (la jeune femme est clerc de notaire puis notaire, c’est bien vu). Les hommes sont eux aussi en apesanteur dans le film, les anciens schémas ont sauté, les femmes sont leurs égales, elles veulent tout, comme eux, résultat ils s’évanouissent le plus souvent, ils s’effilochent… Il y a une mise en perspective réussie avec la grand-mère, qui parle de son mariage, l’amour à son époque on ne s’en souciait pas trop, et là, on comprend, le bonheur est une idée neuve, bien sûr !
Raymond Alcovère, extrait de "Le bonheur est un drôle de serpent", roman en cours d'écriture
00:07 Publié dans En cours d'écriture | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : raymond alcovère, le bonheur est un drôle de serpent, la fabrique des sentiments, elsa zylberstein
dimanche, 24 février 2008
Terrifiante et rassurante à la fois
Terrifiante cette immensité sauvage, encore plus que la Sierra, ces vagues gigantesques dans le désordre de la nuit, remous effrayants, terrifiante et rassurante à la fois avec le bruit continu du bateau, les odeurs de machines, ce bloc de métal monstrueux, fumant et rugissant, traçant son sillon imperturbable à travers les flots déchaînés. Rêvant que mon âme soit pareille, un bloc insubmersible.
Raymond Alcovère, extrait de "Le bonheur est un drôle de serpent", roman en cours d'écriture.
05:51 Publié dans En cours d'écriture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : raymond alcovère, le bonheur est un drôle de serpent, frédérique azaïs